Si le statut de concurrent du FC Bayern s’est dissipé depuis longtemps et que la décennie passée fut délicate à gérer, le promu de la Weser a réalisé un excellent début d’exercice. Pas de quoi s’emballer pourtant, le « Grand petit club » incarne un mythe qui ne peut résister aux contraintes du football moderne !
Ole Werner, un coach plus jeune que Julian Nagelsmann
Il partage avec l’entraîneur du FC Bayern une autre caractéristique, celle d’avoir dû stopper une potentielle carrière à cause d’une blessure mais le parallèle ne s’arrête pas là : Nagelsmann fut lancé dans le grand bain professionnel par Hoffenheim après le passage obligé chez les équipes de jeunes. Ole Werner suivit le même cursus mais dans une ville plus connue pour le handball que pour le ballon rond, Kiel, la capitale de l’Etat fédéré de Schleswig-Holstein. En 2019/20, le Kieler SV Hosltein a des ambitions depuis le barrage perdu de 2018. Le club a raté son début de saison en 2Liga, l’expérimentation André Schubert touche déjà à sa fin et Werner, après 4 rencontres en tant que coach intérimaire, devient l’officiel entraîneur du KSV (pour être complet, précisons qu’il avait déjà « pigé » en 2016/17, deux matchs seulement pour 2 victoires) ! Le maintien est tranquillement assuré … avant de manquer la montée directe l’exercice suivant : après la J32, l’équipe s’écroule à la surprise générale, l’avance de 4 pts est dilapidée et Greuther Fürth passe devant à la dernière journée ! Nouveau drame en barrage contre le 1.FC Köln … après la victoire au RheinEnergieStadion (1-0), le Holstein Kiel ne tient pas la pression à domicile (1-5). Le 4-3-3 était pourtant « parfait », un modèle à étudier dans la construction d’un groupe pour tout coach en herbe. Lee, Meffert, Serra, Dehm quittent alors le club, l’occasion est passée. Werner rend son tablier deux ans après sa prise de fonction.
Deux mois plus tard, il rebondit au Werder Bremen, succédant à Markus Anfang, pris dans le scandale des faux certificats de vaccination. Werner passe immédiatement et logiquement dans une défense à 3, une évidence pour beaucoup de gens. Le SVW enchaîne un +9=1 et se repositionne en haut du classement. Le retour dans l’élite, obligatoire pour des raisons financières, est assuré.
Prolongations de contrats et recrutement intelligent en 2022/23
Habituellement, une descente à l’étage inférieur entraîne la fuite des talents d’autant plus que l’effectif était, sur le papier, de qualité. Rappelons que la descente 2020/21 fut plus qu’une désagréable surprise avec 2 pts seulement pris lors des 11 dernières journées (=2-9) ! Il faut bien faire baisser la masse salariale ! Si Norwich City a fait ses emplettes à Brême (Rashica, Sargent) et qu’Augustinsson (Séville) tout comme Eggestein (Fribourg) ont rempli les caisses, sans oublier les départs libres de quelques trentenaires tels Gebre Selassie, Osako ou Moisander, le groupe était le meilleur de 2Liga. Déjà digne d’évoluer en Bundesliga avec quelques ajustements. Cela n’a pas empêché, comme expliqué plus haut, une saison compliquée et le fait que le club de Gelsenkirchen remporte le championnat de seconde division.
Le risque de perte de substance au dernier mercato estival était pourtant présent : le gardien Pavlenka, les défenseurs internationaux Friedl, Veljkovic -ce dernier titulaire à la WC- et Toprak étaient en fin de mandature ! Seul ce dernier, aujourd’hui 33 ans, quitta la Visurge (la Weser) habilement remplacé par Pieper (Bielefeld) et Stark (Hertha Berlin), libres. Les autres dossiers furent tous réglés par des prolongations. Une sacrée performance !
Burke et Buchanan arrivèrent gratuitement du Royaume-Uni. Weiser, déjà prêté la saison passée, resta après d’âpres négociations avec le Bayer Leverkusen, tandis que le milieu de terrain était renforcé par l’international danois Stage contre 4M. Le seul transfert payant !
Avec des capitaux propres négatifs, le Werder Bremen n’a pas de marge de manoeuvre
Les images d’Epinal ont la vie dure. Limiter l’analyse de la grande histoire du SVW uniquement d’un point de vue sportif est erroné. Si le club du nord de l’Allemagne occupe toujours une place sur le podium derrière le FC Bayern et le Borussia Dortmund dans la fameuse « Ewige Tabelle » de la Bundesliga, ce classement ne prend pas en compte la taille, plutôt petite, des Werderaner par rapport à certains de ses concurrents. Le record de recettes date de l’exercice 2018/19 avec 157M d’euros. On peut aussi noter les +100M réalisés l’année dernière en 2Liga (merci les droits de mutation !) avec un résultat aussi positif de 6M compensant en partie seulement les 33M de pertes des deux années précédentes (dont -24M en 2019/20), fortement impactées par le Covid ! Plus problématique, la question des capitaux propres empoisonne le club et les instances au point de se voir infliger une forte amende de 2,5M par la DFL ! La direction conteste bien entendu cette dernière mais force est de constater, et malgré les efforts récents, qu’ils s’établissent à -14M … la pandémie a frappé le SVW de plein fouet et montré, une fois de plus, sa fragilité. Dans ces conditions, une nouvelle installation dans l’élite domestique reste la priorité à moyen terme. C’est bien parti après le « Hinrunde ». Pour les folles soirées européennes … on repassera !
created with