Finaliste malheureux de la dernière Coupe d’Allemagne contre le RB Leipzig, qualifié pour la première fois pour les phases de groupe EL depuis 2013/14 (le SCF fut éliminé en 2017/18 au 3ème tour qualificatif de la même compétition), le SC Freiburg vit un prime sportif qu’il n’a jamais connu. Car si le club du Pays de Bade est le plus grand d’une région frontalière à la France, sa relative petite taille à l’échelle du football allemand et sa lente mais constante progression interrogent …
4 coachs seulement depuis la saison 1991/92 !
La progression est régulière. Si les années 1980 confirment l’établissement en 2Liga, la décennie suivante permet l’historique accession à l’élite avec le premier titre professionnel en 1992/93 sous les ordres du « Macher » (le bâtisseur) Volker Finke (1991-2007). Un championnat interminable, porté à 24 équipes suite à l’intégration de 6 clubs de l’ex RDA, mais remporté haut la main avec une place de leader dès la J7 et donc jusqu’à la fin, à la J46 ! Il s’ensuit évidemment une période où l’objectif est le maintien avec des descentes et des remontées, le fameux rôle joué de la « Fahrstuhlmannschaft », ou comment faire l’ascenseur ! Le SCF en profite pour remplir l’armoire à trophées avec 3 autres titres en 2Liga, le dernier en 2015/16 remporté par l’actuel entraîneur, l’emblématique mais très bougon Christian Streich (2011- ?). Entretemps, Robin Dutt (2007-2011) puis l’actuel adjoint du Bundestrainer Hans-Dieter Flick, Marcus Sorg (2011-2011) ont occupé cette fonction. Symbole de la montée en puissance des « Breisgauer » : un seul exercice passé à l’étage inférieur depuis les années 2010 !
Apprendre du passé !
On ne peut jauger la progression du SC Freiburg à l’aune des critères actuels du football moderne … là où les jugements sont hâtifs, les décisions souvent rapides, le club prend son temps et se sert de son expérience pour progresser. Dernier exemple en date, le « debriefing » de la difficile saison 2013/14 par Jochen Saier, le Sport-Vorstand du SCF de seulement 44 ans mais présent au club depuis près de 20 ans. Il explique le recrutement ambitieux 2022/23 par la nécessité d’éviter de répéter les erreurs. En effet, ne disposant pas d’un effectif assez large pour jouer toutes les compétitions, le dernier parcours européen fut un calvaire plus ou moins sacrifié car plombé par un parcours domestique en fond de cale ! … à la J24, Fribourg était encore en position de relégable ! Le cas classique des difficultés rencontrées par un club dont l’objectif est le maintien et qui se retrouve propulsé sur la scène continentale grâce à la surperformance de son groupe de l’époque.
Changement de paradigme économique ? De paradigme sportif ?
Si Schlotterbeck (Dortmund), Demirovic (Augsbourg) et Haberer (Union Berlin) ont quitté le navire cet été, Gregoritsch, Kyereh, Ginter et Doan, quatre internationaux dont les 3 derniers présents avec leur sélection respective au Mondial, ont plus que compensé les départs, sans oublier la forte progression de l’espoir français Sidillia devenu quasi titulaire indiscutable. Le résultat est là, Fribourg, à la trêve hivernale, est le premier des poursuivants du FC Bayern en Bundesliga et s’est baladé, invaincu (+4=2), lors de la phase de groupes d’EL tout en étant toujours en course en DFB-Pokal. En théorie, Christian Streich dispose de 10 joueurs à vocation offensive pour 4 postes dans son 4-4-1-1 modulable. Pas étonnant alors que l’absence durant 2 mois pour une fracture de l’orbite oculaire de l’excellent hongrois Sallai passe inaperçue. Tous les postes sont doublés voire triplés … à peine pourrait-on rappeler qu’il vaudrait mieux que l’inusable Günter ne se blesse pas !
Deux jours avant le match retour d’EL contre le FC Nantes, Oliver Leki, le Vorstand Finanzen, annonçait 115M de chiffre d’affaires pour l’exercice 2021/22, toujours en progression et un nouveau record de recettes. Bien entendu, le compte de résultat affichait un profit en bas de page. Fribourg, véritable club modèle du football associatif allemand, loué pour sa saine gestion par la DFL, se permet même en pleine période Covid de donner quelques leçons d’économie à ses concurrents … Schalke 04 a dû apprécier !
En une décennie, le CA a été multiplié par trois, bénéficiant aussi d’un environnement favorable domestique et international, notamment grâce à l’explosion des droits TV et des droits de mutation. Si ce chiffre reste modeste comparé à quelques mastodontes allemands, le résultat actuel n’incarne pas un plafond mais bel et bien une étape vers la barre des 150M voire plus. Le nouveau stade, l’Europa-Park Stadion d’une capacité de 34700 places, soit plus de 10000 de plus que l’ancienne enceinte, est inauguré en 2021 et représente un nouveau levier de croissance tout comme la valorisation des joueurs de l’équipe. Signe de bonne santé financière, les achats de joueurs ont explosé ces dernières années mais aussi leurs montants : le Français Santamaria (10M en 2020, aujourd’hui à Rennes), le Japonais Doan (8,5M en 2022), le Turc Söyüncü (8M en 2016, Leicester City) ou bien encore le retour du maître à jouer italien Grifo (7M en 2019) en sont quelques exemples. Plus important peut-être, les bons résultats sportifs du SCF donnent aux joueurs la possibilité de devenir des internationaux : le Sud-Coréen Jeong, le Néerlandais Flekken surprenant absent de la liste de Van Gaal au dernier Mondial, l’Autrichien Lienhart ou bien l’Allemand Günter ont ainsi pu fêter leur première cape sous les couleurs du club fribourgeois !
L’avenir est assuré !
Cette montée en gamme, aussi bien sportive que financière, ne doit pas cacher le cœur de métier du SC Freiburg : l’association sportive est un « Ausbildungsverein », un club formateur ! Et l’un des précurseurs en Allemagne datant des années 1990. Le départ contre 20M vers le Borussia Dortmund de l’international allemand Schlotterbeck permet de rapatrier au bercail, en fin de contrat, le champion du monde 2014 Ginter … né à Fribourg et sorti du centre de formation. Avec ses coéquipiers, le capitaine Günter et le vétéran Höfler, ils encadrent la nouvelle génération qui pousse : le Français Sildillia donc mais aussi le grand espoir Schade, Keitel, le gardien Atubolu ou Weisshaupt. Tous U21 Allemands ! Il faut dire, et c’est assez rare pour le noter, que l’équipe réserve du SC Freiburg évolue depuis 2 saisons dans la professionnelle 3Liga, véritable cimetière des éléphants mais bougrement compétitive !
De quoi prolonger l’actuel succès ?
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