SpVgg Greuther Fürth : uchronie d’un monde (im)parfait !

Promu, avec un brin de chance, à l’étage supérieur suite à sa seconde place lors du championnat de seconde division 2020/21, la deuxième fois de son histoire en Bundesliga, le club de Moyenne-Franconie a retrouvé sa place en 2Liga, victime des « freins invisibles » liés au football professionnel contemporain dont celui de ne jamais pouvoir conserver ses talents. Analyse …

Le Verein n°1 de seconde division allemande !

Si nous posions la question suivante, quel club a disputé le plus grand nombre de rencontres dans l’antichambre de l’élite du pays ? Rares seraient les personnes qui donneraient la bonne réponse. Pourtant, ce sont bien les Kleeblätter (les Trèfles) qui dominent ce classement avec une 33ème saison en cours devant Sankt Pauli et Hannover 96, deux poursuivants médiatiquement bien supérieurs au SpVgg. On serait même tenté d’écrire que compte tenu de la présence de quelques dinosaures du football allemand ajouté à un brassage important dans cette division, c’est un véritable exploit d’y figurer.

Heiko Westermann, 27 sélections avec la Nationalmannschaft, commence sa carrière en 2Liga à Fürth ! (photo : Getty Images)

Un modèle basé sur la formation et le développement

Disposant de moyens financiers limités, d’un stade « champêtre » pour reprendre les propos d’un Arjen Robben alors au FC Bayern, d’une capacité de 17000 places seulement donc loin des standards de la Bundesliga, Greuther Fürth s’est spécialisé dans la formation des « juniors ». L’équipe réserve, excepté deux trentenaires, les anciens professionnels Baumgärtel et Adlung, garants de l’esprit maison, n’est composée que de jeunes pousses âgées de 17 à 22 ans. Le groupe évolue en 4ème division allemande, la « RL Bayern » dédiée aux amateurs, et souffre souvent pour s’y maintenir. Cet exercice n’y coupe pas !

Parallèlement, le club dispose aussi de son équipe U19. Là aussi, on retrouve à la barre un ancien du club à la carrière bien fournie : l’ancien international allemand et champion d’Allemagne avec le VfB Stuttgart, Roberto Hilbert. Il n’a pu empêcher la descente en division régionale de son effectif mais l’objectif est de rejoindre le plus rapidement possible le très coté championnat « A-Junioren Bundesliga Süd/Südwest ». Le leitmotiv est le suivant : « nous voulons continuer à progresser d’une façon constante et pousser au développement » rappelait l’ancien responsable de la formation, Mario Reichel. Dans l’effectif actuel, Tillman est revenu au bercail afin de poursuivre sa carrière professionnelle au point mort après ses passages au Bayern et à Nuremberg tandis que Fobassam et Angleberger ont pu fêter leur premier match respectif en 2Liga à 19 ans seulement. Dans l’effectif 2022/23, 11 joueurs ont 22 ans au plus. Qu’on soit un « pur produit » local ou bien que le club ait réussi à attirer un jeune à potentiel, la chance de jouer est grande.

Le « pillage » commence …

Le 25 mars dernier, l’arrière latéral droit Asta, chipé au club concurrent du FC Augsburg, obtenant de plus en plus de temps de jeu en Bundesliga, se voit offrir, à 21 ans, sa première et pour le moment unique sélection chez les U21 allemands. Greuther Fürth est pourtant bien en difficulté en championnat et le mercato estival, celui qui a suivi la divine promotion, a été terrible : Raum, Stach et Jaeckel, trois acteurs majeurs de la montée, sont champions d’Europe espoirs 2021. Ils ne seront plus dans l’effectif 2021/22. Aujourd’hui, les deux premiers cités sont des internationaux et le troisième dispute la coupe d’Europe depuis deux saisons sous les couleurs de l’Union Berlin. Cet été, ce sont Leweling (Union Berlin) et Bauer (FC Augsburg) qui ont quitté le Sportpark Ronhof/Thomas Sommer. Deux U21 aussi !

Raum, Jaeckel, Stach … 3 champions d’Europe espoirs 2021 qui quittent le club après la montée (Photo Imago)

Une montée pour se remplumer

C’est l’une des grandes particularités des clubs allemands qui se retrouvent en Bundesliga sans avoir  vocation à y rester : l’amélioration de la situation financière ! On reste pour renflouer les caisses aidé en cela par les droits TV domestiques et, si possible, quelques juteux transferts. Ce ne fut pas le cas avec Raum, Jaeckel et Bauer partis gratuitement. Il est souvent difficile d’associer maîtrise de la masse salariale et clause de départ dans les contrats. Souvent lors des renégociations … En tout cas, le SpVgg Greuther Fürth réalise 49M de chiffre d’affaires l’exercice dernier pour un gain de plus de 5M d’euros. De quoi recommencer un nouveau cycle mais sans jamais avoir l’espoir de conserver ses actifs. Un monde impitoyable.